PinkBombs

Voici les impacts de l'industrie du saumon dans le monde depuis que vous avez ouvert cette page web.

0 seconde

Tendances macro

Effondrement des saumons atlantiques

Le saumon atlantique est inscrit sur la liste rouge de l’UICN : depuis décembre 2023, son statut est passé de “préoccupation mineure” à “quasi-menacé”.

Les causes du déclin de l’espèce sont multiples : la surpêche en mer, la dégradation des habitats d’eau douce et la construction de nombreux obstacles à la migration, les effets du réchauffement climatique qui modifie leurs environnements, impactant leurs taux de croissance et de survie.

Les activités d’élevage sont également identifiées comme une des menaces parmi les plus importantes pesant sur les populations sauvages (pollution marine, diffusion de maladies, et évasions de saumons d’élevage entraînant des croisements “génétiques” perturbant la capacité des saumons sauvages à survivre dans leur habitat naturel).

Hyper-croissance de l’élevage du saumon atlantique

La production de saumon a connu une croissance sans précédent.

Quasi inexistante il y a 30 ans, elle a bondi à trois millions de tonnes de saumons en 2021, soit l’équivalent de l’élevage et de l’abattage de 600 millions de saumons. La production actuelle de saumon d’élevage est 115 fois supérieure à la plus grande quantité de saumons jamais pêchée en une année.

Principaux pays producteurs de saumons d'élevage

Les saumons ont besoin d’eaux froides pour croître. La production est donc concentrée dans certains pays situés proche des pôles Nord et Sud.

Quatre pays représentent à eux seuls 90% de la production mondiale de saumons.

Evolution de l'élevage de saumons par pays

Les principaux consommateurs de saumons

La hausse de la production de saumons résulte d’une augmentation de la consommation de ces poissons.

En 2021, les États-Unis étaient les plus grands consommateurs de saumons, avec une consommation annuelle s’approchant du million de tonnes, suivis par la Russie et le Japon avec environ 500,000 tonnes consommées par an. Les pays européens arrivent ensuite, avec la France au premier rang : en 2021, elle est le premier consommateur de saumons en Europe, et le quatrième pays le plus consommateur de saumons au monde.La consommation des pays occidentaux se situe aux alentours de 3 à 4 kilos de saumons par an et par habitant·e, tandis que des pays des Suds comme le Brésil présentent des consommations par habitant·e très faibles.

Producteurs

Principaux producteurs de saumons en cages marines

Les petites fermes salmonicoles artisanales ont cédé la place à l’aquaculture industrielle.

En quelques décennies, le marché est devenu dominé par une poignée de multinationales.

Mowi, anciennement Marine Harvest, est leader du secteur. L'entreprise est présente dans 25 pays.

La nouvelle menace: les fermes-usines de saumons à terre

En 2021, la capacité de production théorique combinée des élevages de saumons en cages terrestres s’élève à 2,2 millions de tonnes, soit presque autant que la production mondiale de saumons dans les élevages en cages marines (2,7 millions de tonnes).

Malgré les défis technologiques et de rentabilité, l'industrie investit massivement dans les fermes-usines terrestres, avec un grand nombre de projets annoncés au cours des 5 dernières années. Le plus grand producteur est Pure Salmon, basé aux Émirats Arabes Unis, avec une ambition de production de 260,000 tonnes par an et des projets dans au moins huit pays, dont la France.

Le futur des fermes-usines de saumons à terre

Les fermes-usines à terre utilisent la technologie RAS (Recycled Aquaculture Systems), une nouvelle technologie qui a pour but d’élever des saumons sur l’ensemble de leur cycle de vie dans des bassins fermés construits à terre.

Ces systèmes sont ultra-énergivores (environ 100 GWh/an pour une ferme-usine produisant 10 000 tonnes par an, soit l’équivalent de la consommation d’environ 43 000 français⸱e⸱s) et donc à forte empreinte carbone (entre 2 et 14 kg CO2 par kg de saumon produit).

Pour une question de rentabilité, des densités excessives sont prévues dans les cages terrestres : entre 50 et 150 kg de saumons par mètre cube, soit une densité jusqu’à 5 fois plus élevée que dans les élevages en cages marines.

La technologie n’est pas encore totalement maîtrisée : actuellement, aucune usine en fonctionnement ne produit plus de 5 000 tonnes et les incidents techniques sont fréquents. Une usine au Danemark en a subi cinq, résultant de défaillances techniques (pollution au chlorure de fer dans le fjord, incendie complet de son usine, engendrant pollution de l’air et de l’eau).

+91.1% de production

L’ensemble des fermes-usines à terre pourraient représenter une augmentation de plus de 91% de la production mondiale de saumons

233 milliards de poissons

Jusqu’à 233 milliards de poissons sauvages, dits poissons fourrage, devront être pêchés chaque année pour produire la farine et l’huile nécessaires pour nourrir ces nouveaux saumons

436 000 tonnes de soja

Ces mêmes aliments contiennent du soja. Plus de 1,000,000 d’hectares seront nécessaires à la production de ce soja, soit l’équivalent de 1.5 millions de terrains de football

59.78 TWh d'électricité

L'énergie nécessaire pour filtrer, refroidir et faire circuler l’eau de ces futures fermes-usines à terre représentera la production de jusqu'à 10 réacteurs nucléaires ou la consommation de 26 millions de Français⸱e⸱s

16.9 millions de tonnes de CO2

L’élevage de ces nouveaux saumons pourrait émettre jusqu’à 16.9 millions de tonnes de CO2 par an, soit plus de 7 kg de CO2 par kg de saumon produit en moyenne

Biodiversité

Déforestation

La volonté du gouvernement norvégien était d'augmenter la production de saumons d’élevage de 400% d'ici 2050.

Cela nécessiterait l'utilisation de 11 000 km² pour la production de soja au Brésil. Cela équivaut à la déforestation totale légale de l’Amazonie en 2022.

Évasions

De 2018 à 2022, plus de 4 millions de saumons se sont échappés des élevages des 11 plus grands producteurs.

Ces saumons échappés d'élevages posent de nombreux problèmes écologiques, notamment par la compétition qu'ils induisent sur les ressources avec les populations sauvages, par l'introduction de maladies et de parasites, et par le risque d'hybrider avec les saumons sauvages, menaçant leur résilience génétique.

SalMar et Bakkafrost présentent des taux d'évasion élevés, avec respectivement 4.1% et 2.7% de leurs saumons qui se sont enfuis des cages marines.

Santé humaine

Consommation d'antibiotiques

Si la Norvège prétend que 99% de son aquaculture est exempte d’antibiotiques, d'autres pays ne sont pas aussi vertueux.

Au Chili, l'utilisation d'antibiotiques des 17 principaux producteurs a augmenté d'un tiers depuis la crise du covid pour atteindre plus de 460 tonnes en 2021. Cette quantité d'antibiotiques utilisés correspondrait à une dose de 35 g, soit 140 pilules pour une personne.

Microplastiques

Les microplastiques sont particulièrement présents dans le saumon en raison de la bioaccumulation dans la chaîne alimentaire et de l'affinité des plastiques pour les graisses.

Cela affecte surtout les saumons d'élevage, qui sont nettement plus gras et vivent dans des environnements riches en plastiques.

Un saumon de 5 kg contient environ 532 microplastiques. Une personne française consommant 4,2 kg de saumon par an ingère environ 468 microplastiques par an sur un total de 97,500 provenant de différentes sources.

Condition animale

Densité / stress dans une ferme-usine à terre

La densité de saumons est jusqu’à cinq fois plus élevée dans les fermes-usines à terre par rapport aux élevages en mer déjà trop denses.

Ceci pour des raisons de rentabilité et avec des conséquences désastreuses : mortalité de masse liée à des pathogènes, plus hauts niveaux de stress.

Taux de mortalité

Les taux de mortalité varient considérablement d'un producteur à l'autre et d'une année à l'autre. Des taux exceptionnellement élevés sont observés, atteignant 20% certaines années.

MOWI, le plus grand producteur de saumons d’élevage, présente un taux moyen de mortalité de 13.4% entre 2012 et 2022. A titre de comparaison, les élevages intensifs de bovins, porcins et de poulets affichent des taux de mortalité généralement situés entre 1% et 5%.

Climat

Émissions de CO2

L'industrie du saumon a émis en 2021 environ 16 millions de tonnes de C02 équivalent, soit près de l'ensemble des émissions de CO2 d'un pays comme la Croatie.

Cela représente également l'équivalent des émissions maximales que pourront émettre 8 millions de personnes à l’horizon 2050 afin de limiter l’augmentation des températures mondiales à 2°C.

Environ 90% de ces émissions sont émises en amont et en aval de la phase de production à proprement parler, et en particulier par l'alimentation des poissons et par leur transport.

Justice sociale

Détournement des ressources et injustice alimentaire

En 2020, environ 4% de tous les poissons capturés dans le monde sont utilisés pour nourrir le saumon atlantique d’élevage. Le saumon étant carnivore, il est nécessaire de le nourrir avec des farines à base de poissons.

Ce type de surpêche a eu de nombreux impacts sociaux négatifs, comme en Mauritanie et en Gambie, où la quantité de poissons sauvages a été réduite. La Norvège pêche ou importe chaque année 2 millions de tonnes de poissons sauvages, dont 123 000 à 144 000 tonnes depuis les eaux d’Afrique de l’Ouest. Ce volume permettrait de satisfaire les besoins nutritionnels annuels de 2,5 à 4 millions de personnes dans la région, soit plus que la population de la Gambie (2,7 millions) et près de la population totale de la Mauritanie (4,7 millions).

Les captures annuelles mondiales de poissons ont atteint 90 millions de tonnes en 2020, la grande majorité étant destinée à la consommation humaine. Environ 10% est utilisé pour la production mondiale de farine de poissons, alimentant le secteur de l'aquaculture.

Les farines d'insectes, préssenties pour remplacer les farines de poissons, n'ont pas encore prouvé leur pertinence sur le plan environnemental.

Be the change.

Vous ne voulez pas participer à cette bombe écologique et sociale ? Bonne nouvelle, les solutions existent !

L’État, les entreprises et les citoyen·nes peuvent - ensemble - faire partie de ces solutions.

  • L'État peut réguler pour abandonner l'élevage intensif de poissons carnivores - tels que les saumons et les thons - et pour arrêter la surpêche dans le monde.
  • Les entreprises doivent s'engager pour plus végétaliser les assiettes et développer une aquaculture de faible niveau trophique, comme les algues et les coquillages.
  • Individuellement faisons le choix simple d'exclure le saumon de nos assiettes afin d'accélérer collectivement la révolution vers un système alimentaire plus végétal qui répond aux impératifs de santé, de durabilité et de justice sociale.

Pour inverser la tendance et stopper le désastre, il est urgent d’agir. On a des leviers d’action !

J’agis